Il y a beaucoup à dire sur le Brésil. Commençons par les palmarès: République Fédérale comptant 26 états et un district fédéral (Brasilia), c'est le 5ème pays du monde par sa taille, et le plus peuplé d'Amérique latine (environ 205 millions d'habitants en 2015, selon l'insee). La population se répartie en majorité sur le littoral atlantique, principalement au sud-est dans les mastodontes urbains que sont Rio de Janeiro et São Paulo. Le Brésil possède une frontière avec dix pays d'Amérique du sud (c'est à vous de trouver lesquels...). Et, bien qu'on ait du mal à l'imaginer, il obtient la 7ème place mondiale au concours de "c'est qui le plus riche du monde ?" (Mais je parles du PIB global, pas par habitant...Faux pas déconner non plus !). Du côté de la présidence, le pays est dirigé par Dilma Rousseff depuis janvier 2011. Première femme présidente du Brésil, elle en est à son second mandat (réélue en 2014). Nous y reviendrons car l'actualité politique brésilienne vaut un paragraphe à elle seule, tant elle est riche en histoire pour tabloïds et indignation populaire!


Ce gigantesque pays vit de nombreuses difficultés lui aussi. En effet, il est considéré comme l'un des pays les plus inégalitaire du monde. Selon "le courrier international" (.com), 22% des brésiliens vivent sous le seuil de pauvreté (deux tiers sont afro-brésiliens). Le bas blesse quand on sait que le niveau de vie globale est plutôt moyen au Brésil. En gros les plus pauvres gagnent en un an ce que les plus riches se font en onze jours. La répartition inégale des ressources est bien identifiée au niveau territoriale: 46% des pauvres et 63% des indigents vivent dans le Nordeste, alors qu'ils ne représentent que 30% de la population. On y trouve une très forte population noire et amérindienne, alors que les blancs sont majoritaires dans les régions les plus riches du sud. En corrélation avec ces premiers chiffres, une insuffisance du système éducatif souligne ses écarts. En effet, 68% des individus n'ayant pas terminer leurs quatre premières années d'études sont pauvres, contre 15% ayant dépassé les huit années. Le système de santé est, bien entendu, dans la même veine. La majorité des brésiliens se font soigner dans un système public de piètre qualité, et prient pour ne rien avoir de grave. Lorsque nous abordions le sujet des soins au Brésil, on nous disait souvent qu'il ne valaient mieux pas tomber malade quand on ne pouvait pas se payez le luxe d'aller dans une clinique privée... A São Luis, un résident français nous montrait une de ses jambes bardée de cicatrices en nous disant qu'il avait dû aller se faire soigner en Guyane parce que durant 3 mois aucun médecin n'avait trouver qu'il se faisait littéralement dévorer par des vers.


La présidence de Lula (2003-2010) a permis néanmoins quelques avancements dans le domaine socio-économique. La stratégie "Fome zero" (faim zéro) en est un bon exemple. A ce jour c'est le plus important programme brésilien de lutte contre la faim et l'extrême pauvreté. Le but était l'accessibilité pour tous à l'alimentation de base, sous différentes formes: la "Bolsa Família" (bourse familiale) allouant une aide financière aux familles les plus démunies, la création de citernes d'eau dans les régions semi-arides, la création de restaurants à bas coûts, le soutien à l'agriculture vivrière, ou la dispencation de repas dans les écoles des états les plus pauvres...

Bien loin de l'éradication de la faim promise par Lula, il y a néanmoins eut des résultats. En 2009, près de 48 millions de personnes percevaient la Bolsa Familia. 90% estimait mieux manger, et ce réhaussement de 29% des revenus a eut un effet positif sur les commerces et agriculteurs locaux. De plus en 2010, à la fin du second mendat du président Lula, 19 millions de brésiliens accédaient à la classe moyenne. La pauvreté avait reculée de 13% par rapport à 2003. Cette réussite n'est pas imputable à la seule mise en place de cette stratégie. La relance économique de cette période (suite à une rude période d'austérité imposée par le FMI) est également à prendre en compte. Le terme "réussite" est à pendre avec des pincettes. Cela n'a en rien réduit les inégalités et 29,6 millions d'individus vivent toujours sous le seuil de pauvreté, disséminés dans les zones rurales du Nordeste ou massées dans les favelas des grandes villes.

 

Bien que plébiscité pour son travail social, Lula n'aura pas été le Champion de la lutte contre la violence, le trafic de drogues, et bien sûr la corruption.

Un meurtre sur dix dans le monde à lieu au Brésil, et des sondages montrent que huit brésiliens sur dix ont peur d'être tuer. On pense directement à mettre en cause les trafiquants de drogues et les gangs des favelas. Bien qu'il constituent un grand problème, ils tuent moins que Mr et Mme Toulmonde (altercation familiale, vol, bagarre sous effet de l'alcool, discrimination...). Des choses ont été mises en place pour endiguer cela comme l'instalation d'unités de police de "pacification" dans les favelas, ou le programme "Brasil mais seguro" (Brésil plus sûr) dans la ville de Maceió. Ce fut cependant peu concluant. Il semblerait que les corps de police (trop nombreux, souffrants d'importants problèmes de coordination et de communication, et parfois eux-même de débordements violents), ainsi que le système carcéral, aient besoin d'une bonne réforme! Ce n'est cependant pas à l'ordre du jour des différents partis politiques du Brésil (lemonde.fr).

Pour ce qui est du trafic de stupéfiants au Brésil, le topo est simple: un pays gigantesque, des frontières avec trois pays producteurs de cocaïne (Colombie, Pérou, Bolivie) qui y font passer 15% de la production sud-américaine, et une bande littorale de 7400 kms ouverte sur le monde. C'est assez pour que les instances qui doivent traiter la question s'arrachent les cheveux, quand il n'y sont pas mouillé.

Parlons donc de corruption. Ce sport national brésilien, numéro un exequo avec le football, est tellement répandu dans les différentes couches de l'Etat, qu'il est difficilement dissimulable et est régulièrement mis en avant dans les journaux. Ainsi, en 2014, le présidente Dilma Rousseff est accusée par la justice d'avoir maquillé les comptes publics. Cet acte, passible d'une destitution, n'a en rien empêcher sa réélection. En mars de la même année, éclate le scandale Petrobras. Le groupe pétrolier brésilien et d'autres comparses du BTP s'étaient octroyés les marchés des chantiers d'infrastructures d'un immense gisement de pétrole (un des plus important du monde, paraît-il), découvert en 2008 dans des eaux très profondes au large de São Paulo. Ils les surfacturaient par la suite, pendant que des dirigeants du Parti des Travailleurs (sous Lula et Dilma) touchaient de gracieux pots-de-vin pour fermer les yeux. Cela aurait notamment permis de financer des campagnes électorales. Aujourd'hui encore, les informations ne cessent de divulguer de nouveaux éléments sur ce scandale au proportion jamais vues au Brésil. Seulement voilà, la récession actuelle et l'importante inflation, ajoutées au sentiment qu'a la population de se faire avoir continuellement par les patrons et le système politique, entraîne des manifestations de plus en plus fréquentes.

Et quand les brésiliens voient les dépenses faramineuses du "relooking" de Rio avant les J.O, la suppression durant plusieurs heures de leur appli favorite (WhatsApp) ordonnée par un juge en décembre, et l'augmentation du billet des bus collectifs en janvier, la coupe est pleine! Jeudi dernier (le 7 février), une nouvelle manifestation contre le hausse des prix des transports dégénère en émeutes. La moutarde monte...

Voici un petit dernier qui va ajouter la peur à l'exaspération: l'état d'urgence sanitaire déclarée depuis la contamination du Brésil par le virus Zika. Il serait responsable de naissance de bébés avec de tout petits cerveaux... C'est bien le moment pour une arrivée massive de petits QI, tient !


Dans tout cela, qu'en est-il de l'Amazonie et des amérindiens qui la peuple?

Nous le savons tous, le poumon de la planète est bien mal en point. C'est encore 5831 km2 de sa surface qui ont disparus en 2015 du fait de la déforestation (bfmtv.fr). C'est assez préoccupant si on considère les faits suivants: l'Amazonie contribue à retirer de l'atmosphère des milliards de tonnes de CO2, et la déforestation est responsable de l'émission de 10% des gaz à effet de serre dans le monde. L'avenir promet donc du spectacle: non seulement nous allons moins bien respirer, mais en plus le réchauffement climatique risque de s'accentuer (lemonde.fr)! Alors que faire pour sauver la forêt? Il y a des options (création de zones protégées, interdire les coupes et les punir d'amendes, mettre en place des subventions pour encourager les propriétaires à la conservation de leur forêt...), et des études. Cependant il y a peu de résultats à ce jour, parce que peu d'action.

Peut-être que les 900 000 amérindiens vivants au Brésil auraient des choses à raconter à ce sujet. Ils représentent 0,4% de la population, sont toujours considérés comme mineurs par la loi brésilienne, et le droit à posséder la terre ne leur est pas octroyé. La plus importante des tribus est celle des Guaranis. Ils vivent au sud du Brésil, au Paraguay, et au nord de l'Argentine. Autrefois sauvés de l'estinction grâce à la création des Missions Jésuites, ils vivent désormais dans des réserves comme beaucoup d'autres tribues, ou dans des habitations de fortunes sur le bord des routes. Cependant, malgré de nombreuses années à être lésés, brutalisés, voir quasiment anéantis, un très grand nombre de tribus amérindiennes ont farouchement conserver leur langue, croyances et traditions. Certaines sont isolées, ayant peu voir pas de contact avec le monde qui les entoure (mise à part quelques volées de flèches pour les avions qui les survols). Paraît-il que la règle à ce jour serait de ne pas contacter les groupes d'individus nouvellement découverts... Pour ceux qui connaissent malgré eux "l'homme blanc", rencontré au détour d'une chasse à l'homme pour l'octroi de leur terre principalement ou lors des nombreux actes de déforestation, ils ont appris à s'organiser pour défendre leurs droits: manifestations dans les rues, développement de projets culturels pour faire connaître leur culture et leur mode de vie au plus grand nombre. Leur plus grand engagement est bien entendu tourné vers la préservation de la nature et de la forêt amazonienne. Ils constituent même l'obstacle majeur contre la déforestation. Vivant en symbiose avec la forêt, les amérindiens d'Amazonie connaissent les différentes plantes et les animaux qui la peuple. Leur rôle dans la préservation de la biodiversité est cruciale (www.survivalfrance.org). Leur présence à la COP21 montre l'urgence de la situation et la nécessité pour eux d'agir: " La déforestation continue parce que le gouvernement a donné des concessions à de grandes entreprises multinationales. Mais ces terres appartiennent aux peuples indigènes. Les forêts sont mieux préservées par nous, les peuples indigènes, parce que cela fait des milliers d’années que nous prenons soin de nos forêts ". (Rfi Paris climat ). Je clos ici cet article qui tente de dépeindre (de manière non exhaustive) le climat socio-économique du Brésil. Mais j'en ai oublier de parler des Brésiliens. Dans le fond ce sont eux qui rendent leur pays si attachant. Cette allégresse qui les définis pleinement, cette musicalité présente jusque dans la langue et les postures... Peut-être avons nous eut de la chance dans nos rencontres car elles furent riches en communication, en découvertes de l'autre. J'ai rarement rencontré des gens ayant autant cette envie de partager. Nous garderont un excellent souvenir du Brésil et des brésiliens, et à se demander si nous y retournerons. La réponse vient comme une évidence: "BIEN SÛR!!" Sommes nous inconscient du danger ? Non, nous savons que le Brésil est une cocotte minute sur le point d'exploser à tout moment. Mais le jeu en vaut largement la chandelle. Et puis, si on ne met pas les pieds dans une favelas avec son appareil photo pour se nourrir de la misère humaine, une vigilance normale et une large ouverture d'esprit, permet de profiter complètement des richesses que cet espace peu offrir. A bon entendeur...