Territoire francophone en Amérique latine, c'est un département d'Outre-Mer et le seul qui ne soit pas une île. C'est la deuxième plus grande région du territoire français, une des moins peuplée également. Cayenne en est la préfecture. Le territoire est organisé en deux chef-lieux (celui de Cayenne et Saint-Laurent du Maroni) et 22 communes. Le climat est tropical, c'est à dire qu'il fait chaud et qu'on est moite toute la journée! 

 

"Mais dit moi Jammy, ils habitent où les gens? Parce qu'avec 98% de forêt amazonienne, ça laisse peu de place pour loger du monde!" "Et bien mon ptit Fredo, c'est simple. La majorité se répartie sur les quelques communes de la bande littorale (le long de la route principale, la RN 1). On y trouve des métropolitains, des créoles, des chinois et des Hmongs ( Laos ), des brésiliens... J'en passe sûrement parce qu'il y a du monde! Les fleuves, le Maroni ( frontalier du Suriname ) et l' Oyapock ( frontalier du Brésil ) sont surtout les fiefs des populations amérindiennes. Le sud également. Quelques groupes d'individus vivent dans la forêt tropicale, en particulier les descendants des noirs-marrons (Bushinengués) ayant fuis les plantations à l'époque de l'esclavage. Ces derniers sont aussi très présents dans la région de Saint-Laurent du Maroni. 

En tout, sont recensées plus de 25 ethnies sur le territoire Guyanais, avec leurs langues et leurs coutumes. Tu parles d'un souk!


D'un point de vue politique, la Guyane est une collectivité territoriale unique, appelé Assemblée de Guyane. Toute nouvelle (décembre 2015), elle est une fusion du conseil Général et Régional. A sa tête, un président élu au suffrage proportionnel et des vices-présidents. La scène politique se répartie entre trois grandes tendances. Comme en métropole, ça se tire le bourrichon entre la droite et la gauche. Le troisième larron étant l'extrême-gauche indépendantiste. 

Ce qui est sûr, c'est qu'il y a du boulot à faire dans tous les domaines. Cette collectivité territoriale toute neuve va pouvoir s'en donner à cœur joie! (Si elle n'est pas trop occupée à des magouilles de toutes sortes) En effet, la Guyane souffre de nombreuses carences: la délinquance y est plus importante que partout ailleurs en France, les dispositifs d'insertion et de formation sont insuffisants, et on parle de 5000 enfants non scolarisés en primaire chaque année. Le taux de chômage officiel est de 21,3% (Insee), largement entretenu par l'assistanat social mais aussi par l'importance de l'immigration. Faut dire que peu de chose rendent la Guyane productive, elle si dépendante de l'économie française et d'Ariane Espace. Bon y a le rhum, c'est vrai, mais ça fait tout... Les Hmongs produisent des denrées agricoles, mais elles nourrissent l'ensemble des résidents de la Guyane. 


Petit point immigration. Un des grands problème de la Guyane est la porosité des frontières avec le Brésil et le Suriname (puisqu'elles se répartissent entre forêt et fleuves) entraînant des passages massifs de migrants attirés par la promesse d'une vie meilleure que prodigue l'euro et le droit sanitaire et social français ( des familles du nord du Brésil qui viennent trouver du travail et des droits, des femmes surinamaises qui viennent accoucher de l'autre côté du Maroni...). En décembre dernier, une filière d'immigration illégale à été démantelée, elle aurait fait passer, en deux ans, 6000 bonhommes en Guyane via le Brésil. Et ce n'est qu'un exemple. Je ne parle pas des drogues qui passent, comme notamment la cocaïne, et le crack Surinamais. En bref les autorités sont totalement débordés, voir même démissionnaire devant l'insolvabilité du problème.   


Ajoutons à cela les difficultés d'ordre sanitaire: fièvre jaune, paludisme, dengue, difficulté d'accès à l'eau potable de nombreuses communauté, une prévalence du sida la plus élevée de l'ensemble des départements français. J'oubliais le petit dernier, le Zika, ce virus récemment arrivé d'Afrique et qui touche aujourd'hui 9 pays d'Amérique central et du sud. Celui-ci n'est pas mortel mais, contracté par des femmes enceintes, peut entraîner des cas de malformations congénitales...


Je me rend bien compte que le tableau est un peu sombre, voir totalement noir. Il y a du positif tout de même, comme les nombreuses associations qui travaillent d'arraché pied pour la protection du Parc Amazonien de Guyane. Ce dernier, créer en février 2007, a permis la sauvegarde de la biodiversité de la forêt ainsi que la protection et l'accompagnement au développement des ethnies présentes sur les lieux. De plus, en 2012, le Parc national s'est opposé au projet REDMAX. Ce projet du ministère du redressement productif de Montebourg avait pour but l'exploitation d'or alluvionnaire (de l’orpailleur en bref) dans un espace où la rareté et la fragilité de la biodiversité rendait nécessaire la préservation du patrimoine naturelle. Même si je ne suis pas sûr que cette opposition ait empêchée le projet d'aboutir, je tires tout de même mon chapeau ! Après des siècles de quasi déni de leur existence, les pouvoirs locaux tâchent de plus en plus à rendre leur légitimité aux populations amérindiennes et d'origines africaines. L'État semble désormais reconnaître (plus ou moins) l'existence du droit coutumier local de ses ethnies, c'est dire basée sur les règles ancestrales et tenant compte (plus ou moins également) de leur territoire. Il Compose avec tout du moins. Bien qu'emprunte d'une mixité culturelle passionnante, d'une Histoire digne des plus grandes aventures (dont les livres et les films parlent encore), d'une biodiversité hallucinante; la Guyane souffre énormément et semble encore garder, bien encré dans ses racines, son surnom d'"enfer vert". Particulière à appréhender, elle me paraît être l'enjeu d'un paradoxe. A la fois détestable et extrêmement attirante, elle donne malgré tout l'envie d'y retourner...