DE LA DECOUVERTE A LA COLONISATION

Le navigateur Christophe Colomb découvrit Cuba en 1492, alors qu'il cherchait une route vers les Indes Orientales en passant par l'océan Atlantique. Il ne trouva pas les Indes, mais avouez quand même qu'il ne s’en ait pas trop mal tiré! Le mec à découvert les Amériques sur un coup de bol, et son premier voyage vers l'ouest est considéré par tous les historiens du monde occidental comme étant l'entrée de notre civilisation dans les temps modernes. Qui dit mieux?...

En 1510 vient le temps de la conquête espagnole. Le conquistador Diego Velázquez de Cuéllar devient gouverneur de Cuba et fonde les sept premières villes de l'île, dont Baracoa (the first one) vers 1511, Trinidad et La Habana en 1514. Santiago de Cuba voit le jour en 1515.
Bien sûr, tout cela se fit sur fond de pillages territoriaux et d'esclavage de population indigène. Car oui! Les espagnols n'étaient pas seuls à leur arrivée. En fait quelques centaines de milliers d'individus, dont les peuples Taïnos et Karibs, y vivaient déjà depuis belle lurette. Nous n'avons pas de preuves historiques à ce sujet, mais il n'est pas impensable que certains autochtones se soient dit qu'ils auraient mieux fait de se casser une jambe ou de se faire la malle quand les premiers bateaux pointèrent le bout de leur poupe.
Toujours est-il que les populations indigènes virent leur nombre rapidement décroître: de 112 000 individus en 1510, on en recensait guère plus de 4 000 en 1555. Paraît-il qu'ils ne supportaient pas bien les maladies européennes et le travail forcé...

Au début l'intérêt de Cuba réside surtout dans sa position géographique. Avec l'île comme base arrière, la main mise sur l'entrée de la mer des Antilles et le détroit de Floride, les flottes espagnoles avaient les yeux rivés sur le continent américain. La Havane et son vaste port naturel accueillait les flux maritimes allants et revenant du continent.
Les richesses "trouvées" par les équipages sur le continent étaient rapidement injectées dans l'économie de la région havanaise, dont les principales ressources résidaient dans l'agriculture et l'élevage. Et comme il fallait bien nourrir tous ses fiers conquérants, Cuba prospéra rapidement.
L’ économie de plantation (sucre, tabac notamment), renforcée par l'importation de plusieurs milliers d'esclaves d'Afrique entre 1600 et 1800, prit un tournant décisif lors de l'occupation anglaise de La Habana en 1762. Cette année permis à Cuba d'établir des liens commerciaux d'importance avec les treize colonies nord américaines. Elle gagna la liberté du commerce d'esclaves en 1790 et profita indirectement de la ruine des plantations de Saint-Domingue, suite à la Révolution française, pour prendre le monopole de l'industrie sucrière et de son commerce mondial. Le savoir faire des planteurs français, leur capitaux et leur café introduits dans la colonie acheva de maintenir sa fortune. 

Mais le 19 ème  siècle débuta par des soulèvements d’esclaves en 1812, 1844 et 1848. Les créoles commencèrent également à avoir des velléités d'autonomie. Cela commençait à sentir le roussi pour les espagnols. Et quelles bêtises ont très souvent tendance à faire les empires quand ils sentent leur contrôle menacé sur leurs colonies? Je vous le donne en mille: ils accroissent les répressions et les impôts. Etonnement cela n’eut pas l'effet escompté, mais celui prévisible de grandement échauffer les cubains. Ces derniers ne voulaient plus négocier une plus grande autonomie, ils exigeaient désormais l'indépendance !

LA LUTTE POUR L’ INDÉPENDANCE 

En octobre 1868, Carlos Manuel de Cespedés (avocat et riche propriétaire terrien de Bayamo) et ses esclaves libérés constitués en armée s'insurgent contre l'Espagne. Ce fut le point de départ de la Guerra de los Diez Años (la Guerre de Dix Ans). Cependant, malgré l’aide des États-Unis d'Amérique et de vétérans de la guerre de Sécession, les dix années de conflit se solderont par une défaite et la signature du Pacte de Zanjón en février 1878. Mais leur histoire montre que les cubains sont du genre butés.

José Marti (intellectuel et penseur politique originaire de La Habana) arriva sur le devant de la scène politique et fonda le Parti Révolutionnaire Cubain en 1891 avec Maximo Gomez et Antonio Maceo. Immanquablement, une seconde guerre d'indépendance éclata en janvier 1895. En homme d'action, José Marti prit part au conflit armé...et mourut au combat en mai 1895. Antonio Maceo ne fit pas non plus de vieux os; il fut tué en décembre 1896. La débâcle allait une nouvelle fois sonné son impitoyable glas. C'était sans compter l'arrivée inopinée, et pas du tout programmée, des Etats-Unis dans le conflits. Que de suspens mes enfants, que...de...suspens !!!
En février 1898, un cuirassé nord américain venu, comme de par hasard, faire une visite de courtoisie à Cuba, explose dans le port de La Havane . Etrange coïncidence me direz-vous. Que nenni, les espagnols furent immédiatement accusé du méfait et la guerre déclarée par le président William Mckinley, le 25 avril 1898. Ce fut une déculottée pour l'Espagne qui dura une dizaine de mois. Les États-Unis profitèrent de la faiblesse du royaume, en proie à une instabilité politique du fait d’avoir un roi de seulement 13 ans et une régence faisant l'office de boulets aux pied. Un traité de paix fut signer à Paris le 10 décembre 1898, mettant fin à 400 ans de présence espagnole en Amérique. Dommage les gars.

Seulement Cuba ne fit que changer de maître. Elle avait bien obtenue son indépendance, mais elle était factice. Il y avait bien un gouvernement, un président (Tomás Estra Da Palma) , mais il y avait également l'amendement Platt. Ce dernier, promulgué en 1901, octroyait au gouvernement de Washington l'ingérence militaire dans les affaires politiques et économiques cubaines si il le jugeait nécessaire. Franchement, on se serait pas douter que les Etats-unis avait une idée en tête! Je tombes des nues, comme dirait l'autre!

LA DOMINATION  DES ÉTATS-UNIS 

Les États-Unis annexèrent Guantánamo et Bahía Honda. Plus haut dans le texte, on avait abordé le fait que Cuba avait une position stratégique. Et bien, la construction de bases navales à ces endroits leur permirent de s'ériger en police des Caraïbes après qu’ils eurent repris les territoires de feue l'empire colonial espagnol. Ils s'assuraient également une position durable et constante sur le sol cubain.

Ce qui se passait avait un petit quelque chose de déjà vu pour le peuple cubain. La colère gronda très rapidement et des insurrections populaires furent réprimées en 1906, 1909, 1917 et 1919 par l'armée américaine, quasiment à chaque nouvelle élection présidentielle. 
De plus l'île, déjà soumise à une quasi-monoculture de la canne à sucre, accroît sa dépendance économiques envers les États-Unis, par l'instauration d'une loi instituant la parité entre le peso et le dollar, alignant ainsi les deux économies (novembre 1914). Ce qui veut dire que si les Américains chutent, Cuba chute. Et c'est ce qui se produisit lors de la crise de 1929. A ce moment le chômage à Cuba est massif, au même titre que le sentiment anti-américain. Ces derniers sentant qu'ils n'étaient vraiment plus en odeur de sainteté, mirent fin à leur droit d'intervention sur l'île en 1934.